Avec Tout-Moun, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux poursuivent leur quête commune, inlassablement relancée, de mise en relation des imaginaires.
Ils cheminent avec la pensée du poète, romancier, philosophe Édouard Glissant, chantre de la créolisation, pour ce nouvel opus porté par dix interprètes aux cultures chorégraphiques très diverses (de France, d’Égypte, de Tunisie, du Maroc ou des Caraïbes). Par leur présence, les danseurs incarnent la « puissance de la dissemblance », notion que les chorégraphes considèrent comme un vecteur de transformation et d’élargissement de l’imaginaire du groupe.
Ce groupe, véritable « bloc d’humanités aux singularités entremêlées », se lance dans un flux relationnel, alternant les ensembles, les dislocations, les échappées, jouant sur les porosités, les interférences, les complémentarités, les entrechoquements. De cet élan complexe émane une « danse chorale hybridée », imbriquée aux surgissements des sons de la partition musicale créée et interprétée par le saxophoniste Raphaël Imbert. Cette composition musicale entre le jazz et le blues, en partie improvisée, est élargie par le dialogue avec Benjamin Lévy, réalisateur informatique aux commandes d’OMAX, algorithme qui permet d’enrichir la palette musicale via des strates d’harmonie tout en nuance.
Le spectacle déploie un espace sonore, visuel et immersif, où tout semble s’inventer en temps réel, faisant surgir des niveaux de perceptions différenciés, grâce à de grandes voiles translucides, fluides et mobiles, manipulées par les danseurs. Elles se révèlent être également des surfaces de projection vidéo, faisant transparaître des fragments de paysages convoquant les quatre éléments. Les paysages tropicaux, chers à Édouard Glissant, révèlent une luxuriance à la fécondité prodigieuse. Beaux et violents, réels et mythiques, concrets et abstraits : ils transfigurent l’espace dans lequel les interprètes de Tout-Moun s’entrelacent, se perdent, se sauvent, s’émancipent.
Tout-Moun est une ode portée par les paysages glissantiens, véritable matrice de la pensée du poète-philosophe, révélant la complexité du monde où il est toujours possible de réenchanter les humanités à venir…
VIADANSE – CCN de Bourgogne Franche-Comté
Chorégraphie en collaboration avec les interprètes Sarath Amarasingam, Meriem Bouajaja, Juliette Bouissou, Mohamed Chniti, Chourouk El Mahati, Mohamed Fouad, Mohamed Lamqayssi, Johanna Mandonnet, Yaël Réunif, Angela Vanoni
Composition musicale et interprétation Raphaël Imbert (saxophone) et Benjamin Lévy (OMax)
Réalisateur en informatique musicale Benjamin Lévy
Collaborateur artistique, plasticien Stéphane Pauvret
Création lumières Jimmy Boury
Création costumes Gwendoline Bouget
Assistée de Corto Tremorin
Direction technique Thierry Meyer
Régie son Valentin Maugain
Régie lumière Manon Bongeot
Régie costumes Hélène Oliva