Nos vies inachevées

CHÂTEAU ROUGE
Mercredi 15 mars à 20h30

durée : 1h35
Grande Salle
Placement numéroté

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Un spectacle présenté par la Compagnie Barbès 35

Texte, mise en scène Cendre Chassanne
Assistante à la mise en scène et à la dramaturgie Pauline Hubert
Avec Nathalie Bitan, Cendre Chassanne, Xavier Czapla, Rémi Fortin, Jean-Baptiste Gillet, Pauline Gillet-Chassanne, Carole Guittat, Zacharie Lorent, et la complicité d’Isabelle Fournier
Scénographie et création lumière Pierre-Yves Boutrand
Création musicale Mathias Castagné
Création son Edouard Alanio
Régie générale et plateau Léon Bony
Costumes et illustrations Violaine Decazenove
Scénographie et accessoires Oscar Gillet
Construction Pierre-Yves Boutrand et Oscar Gillet
Diffusion et développement Camille Bard
Administration et production Antonnella Saffré
Communication et presse Delphine Colin

Production Cie Barbès 35
Coproduction Le Volcan, Scène nationale du Havre; Théâtre de Thouars, Scène conventionnée; Château Rouge, Scène conventionnée d’Annemasse; L’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône; Théâtre de Privas, Scène conventionnée. Avec le soutien de La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle, Villeneuve-lès-Avignon, du Quartier Culturel de Malévoz, Monthey (Suisse), de la Ville de Saint-Saturnin-lès-Apt, du Théâtre Public de Montreuil, Centre dramatique national, et du Théâtre Paris-Villette, La Fonderie du Mans.
Remerciements à toute l’équipe du Volcan, au plateau et dans les bureaux, aux intermittents, à José Michel, à Olivier Lecoeur du Studio Honolulu, à la compagnie DCA / Philippe Decouflé, à la Barbelotte et à Sébastien Choriol.
La compagnie est soutenue par le Ministère de la Culture (DRAC Bourgogne-Franche-Comté), le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, le Conseil départemental de l’Yonne et L’Yonne en scène.
Cendre Chassanne est artiste associée au Volcan, Scène nationale du Havre

Nous interrogeons le réel, l’humain, et le sublimons pour mieux le comprendre avec nos contemporains, c’est cela qui fait acte. Pour un théâtre populaire et généreux, un théâtre de l’intime et du politique.

« La création 2016, Bovary les films sont plus harmonieux que la vie marque un tournant. La plongée dans l’oeuvre de Flaubert ouvre un champ de recherche et d’écriture nécessaire pour creuser mon projet personnel, repenser le collectif, et ceci en m’engageant aussi au plateau. Le lien avec le public, réel et physique remet du fondement, réactive la démarche.
Le dialogue amorcé dans Bovary avec l’un de mes mentors, Truffaut, réveille et précise l’axe du projet autour du champ cinématographique.
En 2018, nous créerons Nos films, collection de récits de films, projet mobile et léger, un comédienun film, pour tous les territoires.
En 2020, Nos vies rassemblera l’équipe au plateau. Avec Nos Vies nous entrons dans un mouvement, une recherche, inédite et ambitieuse, pour nous raconter au monde, nous, tels que nous sommes et tels que nous vivons, travaillons, consommons, aimons, bataillons, nous, actrices, acteurs de ce pays en pleine confusion politique. »

Cendre Chassanne

Le public entre, vous entrez, vous êtes entré.es, puisque vous tenez ce programme en main, puisque vous le lisez ce programme, ce qui n’est pas commun, pour une fois, vous le lisez. Comme on le sait donc, le public est très agité à l’ouverture des portes, bruissements de manteaux, froissements de papier, caquetages, rires étouffés, parfois de vieux abonnés gauchistes (Vous) se saluent encore fraternellement, c’est un peu démonstratif mais c’est beau, parce que c’est rare, et donc ceux-là (encore Vous) aiment à s’installer devant, émoustillés et fiers d’avoir ce privilège d’être au plus proche des acteurs. Et des actrices. Soudain une vague, une déferlante entre à grand bruit, une classe, des lycéens (Vous les jeunes) « Oh non! » se disent les petites dames du premier rang « Encore eux! » et Vous, chauds-bouillants, Vous, sublimes arrogants, prenez place et d’un coup, c’est splendide, la moyenne d’âge rajeunit, on est sauvé! Puis, par-dessus votre revigorant brouhaha juvénile, dans la foulée, la dernière salve, les actifs, toujours à la bourre parce que, sortie de bureau, baby sitter et supérette, se fraye un chemin dans les gradins, obligeant les précédents sus-cités à se relever, brasser sacs et manteaux, ç’est chiant! et là, là, là enfin, on sent le poids de la journée s’affaisser lentement dans tous les fauteuils, que c’est difficile, comme ça résiste: votre lot d’emmerdements quotidiens, le patron, vos enfants, votre mère, les profs, vos beaux-parents, votre ordi, et merde ça remonte à la surface et vous y pensez. Aïe aïe aïe aïe aïe! Ça va pas nous arranger, vous avez raison. Oui, nous avons ce soir, cher public, ensemble, une très grande responsabilité: Comme vous le savez, le monde est en péril, la santé planétaire est catastrophique, la faillite nous guette, 80% des marchandises transportées dans les containers sont inutiles, l’eau est trop chlorée, les textiles sont pourris et quand nous suons ça pue, Mais ensemble ici, on est prêts à tout pour oublier. On peut le faire. Vous avez envie, envie de vous laisser guider et d’y croire. Nous aussi. Nous savons que l’espoir fait tout.

Ça pourrait être l’histoire d’une petite entreprise ou d’une famille, c’est une troupe de théâtre qui est ici au cœur de l’ouvrage. Dans un vertigineux tourbillon qui entrelace réalité et fiction, une autrice en fuite dessine une galerie de portraits, d’actrices et d’acteurs au travail et dresse un état du monde.

Avec dérision, humour et sensibilité, Cendre Chassanne dessine à travers NOS VIES inachevées, un état de notre société, en croquant une sociologie du théâtre en France. Le statut de l’artiste, ses conditions de création et de subsistance, les difficultés inhérentes au métier de comédien, son rapport à l’engagement, son désir comme sa peur de l’embourgeoisement, révèlent un autre portrait: celui du citoyen du monde, pris dans ses contradictions, dans la course du temps et ses tragédies …
« Nous vivons de belles expériences. Nous bataillons. La lutte et la précarité nous connaissons. Nous servons le public, c’est le fondement et l’enjeu de notre métier. Service public. Nous y croyons. Nous, est une compagnie et c’est une personne, une micro société, une famille, qui s’obstine à la mise en commun d’un idéal, malgré les difficultés.

C’est en observant cette entité fragile et pourtant résistante, ceux qui la composent et qui la nourrissent, que j’ai commencé à écrire.
J’ai envisagé l’acteur comme homo-economicus, avec des problématiques semblables à celles que nous vivons toutes et tous dans une société, gouvernée et minée par le système capitaliste.
Le lien réel et analogique avec le public (le monde) fut l’enjeu n°1: il n’y a pas d’entre-soi dans cette fiction-réalité, mais bien une mise en commun, ou en miroir, de nos problématiques économiques, sociales et citoyennes.
Le 2ème enjeu fut de faire plonger le spectateur dans l’intimité de cette famille, la troupe, dans sa maison: le théâtre, la scène et sa machinerie et d’entrer dans l’intimité et l’organicité du lieu et de ses habitants.
Enfin le 3ème, enjeu, fondamental, est tenu en creux tout au long du texte: il s’agit de rendre palpable notre exceptionnalité, au sens où l’entend la philosophe Cynthia Fleury, d’ouvrir avec le spectateur une pensée intuitive sur ce magnifique concept: notre exceptionnalité, la nôtre, à nous, humains, vivants, sur terre. Laquelle pensée devient croyance, portée par l’autrice, grande menteuse devant l’éternel, comme tous les auteurs!
C’est donc une comédie-sociologique et existentialiste, conduite avec dérision, qui ne parle au fond que du besoin absolu de croire à la beauté du monde (pour ne pas tomber) et à l’amour.
L’écriture de ce texte s’est étalée sur plusieurs années, s’est nourrie de son époque et des crises traversées, mais aussi et surtout des répétitions, du travail, du partage avec la troupe, et avec chacune et chacun des membres de la compagnie, à qui je dois tant.

Cendre Chassanne

Nous dédions ce spectacle à Jean-François Driant
et Do Hamot, notre graphiste, tous deux partis trop tôt.

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