Les fourberies de Scapin
CHÂTEAU ROUGE
vendredi 13 & samedi 14 décembre
Grande Salle
Placement numéroté
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Un spectacle présenté par Le Teatro Malandro
Mise en scène Omar Porras
Assistanat à la mise en scène Marie Robert Adaptation et dramaturgie Omar Porras et Marco Sabbatini
Collaboration artistique Alexandre Ethève Scénographie et masques Fredy Porras Musique Erick Bongcam et Omar Porras (avec la collaboration de Christophe Fossemalle)
Création lumière Omar Porras et Mathias Roche
Costumes Bruno Fatalot
Assistantes costumes Julie Raonison, Leïla Christen
Postiches, perruques et maquillages Véronique Soulier-Nguyen
Assistante postiches, perruques et maquillages Lea Arraez
Accessoires Laurent Boulanger
Construction décor Jean-Marc Bassoli, Alexandre Genoud, Olivier Lorétan †, Yvan Schlatter, Noé Stehlé
Peinture décor Béatrice Lipp, Lola Sacier Régie générale Caroline Roux
Régie plateau Gabriel Sklenar
Régie son Benjamin Tixhon
Régie lumière Ludovic Bouaud
Avec
Olivia Dalric, Madame Géronte
Peggy Dias, Seigneur Argante
Karl Eberhard, Léandre – Nérine
Alexandre Ethève, Sylvestre
Caroline Fouilhoux, Hyacinte
Pascal Hunziker, Octave
Laurent Natrella, Scapin
Marie-Evane Schallenberger, Zerbinette
production et production déléguée TKM Théâtre Kléber-Méleau, Renens
avec le soutien des Amis du TKM et du Pour-cent culturel Migros.
remerciement (pour le final) Julio Arozarena
Secrets de composition
Lorsque Molière écrit cette comédie en prose en trois actes, en 1671, au Théâtre du Palais-Royal, il est l’auteur de plus d’une trentaine de pièces et à la tête d’une troupe qui porte le nom du roi Louis XIV. Sa notoriété est sans pareille.
C’était l’année où était attendue Psyché au Palais-Royal, mais la salle des machines où elle devait être créée nécessitait des travaux plus longs que prévus. Les Fourberies de Scapin furent écrites dans l’urgence pour faire face à ce retard : dix-huit représentations en furent données avant que la première de Psyché fût possible.
Après avoir composé de grandes comédies classiques, des comédies ballets et même une tragédie-ballet, Molière revient avec cette pièce à la grammaire théâtrale de la farce avec coups de bâtons, quiproquos et duperies et à celle de la Commedia dell’arte avec des figures de jeunes premiers, de vieux barbons et de zannis. Il reprend une farce en un acte de son répertoire, Gorgibus dans le sac (qu’il avait donné à jouer en 1661, 1663 et 1664), qu’il étoffe en s’inspirant de différents textes – dont Phormion de Térence, Tabarin et son maître, Le Pédant joué de Cyrano de Bergerac et La Sœur de Rotrou.
Synopsis
En l’absence de leurs parents partis en voyage, Octave, fils de Monsieur Argante, et Léandre, fils de Madame Géronte, se sont épris l’un de Hyacinte, jeune fille pauvre et de naissance inconnue qu’il vient secrètement d’épouser, le second de Zerbinette, une jeune esclave égyptienne.
Au retour d’Argante, Octave, inquiet de ce que sera la réaction de son père à l’annonce de son union avec Hyacinte, et à court d’argent, implore le secours de Scapin, valet de Léandre.
S’enchaîne une série de fourberies joyeusement et savamment orchestrées par Scapin avec travestissements, créations de personnages imaginaires et de scenarii improbables, en un jeu de méta-théâtralité particulièrement savoureux.
Le dénouement est en effet un happy end invraisemblable où Hyacinte s’avère être la fille du seigneur Géronte, ce qui rend possible son mariage avec le fils d’Argante, quand Zerbinette n’est autre que la fille d’Argante dérobée enfant par des Égyptiens. Aucun amour ne sera contrarié, aucune mésalliance réalisée : les jeunes premiers ne dérogent pas in fine à leur rang social et cet état des choses est éprouvé par tous dans l’euphorie
Cher Monsieur Molière,
C’était le 16 juillet 1984, deux jours après les célébrations annuelles de la fin de la monarchie absolue en France que j’ai débarqué dans votre beau pays. En retard de deux jours pour la fête nationale et en décalage de six heures par rapport à la Colombie.
Sachez que je n’avais dans mon petit baluchon d’émigré aucun repère linguistique, aucune méthode phonétique ou grammaticale. Ma seule richesse pour garantir le bon déroulement de mon voyage était un petit scapulaire de dévotion que ma vieille mère m’avait confié et une soif inextinguible de découvrir et apprendre ce qu’on appelait depuis le XIXe siècle la langue de Molière, en une reconnaissance du talent d’un auteur classique parmi les classiques.
Cher Monsieur, votre oeuvre m’a donné le courage d’oser respirer au rythme de votre langue, de danser la musique de tous les accents de la France, du gascon comme de l’occitan et du picard, la langue de la cour et de l’aristocratie comme celle du peuple.
Par votre génie et votre courage, vous avez su vous écarter des normes d’une époque, vous avez traversé toutes les adversités possibles et impossibles qui font le pain quotidien d’une troupe de théâtre, vous avez bravé (et cela dans l’enthousiasme), l’humour et l’élégance, les caprices d’une couronne et la lâcheté d’une cour qui ne songeait qu’à être flattée et à vivre toutes les licences d’un mauvais usage du divertissement. Vous avez su dénoncer l’hypocrisie en matière d’amour, d’amitié et de religion. Depuis mes premières lectures de vos textes, un chemin de liberté s’est ouvert, parce que vous m’avez appris la puissance de l’audace.
Vous seriez très étonné, cher Monsieur Molière, d’apprendre qu’après votre mort toutes les équivoques, toutes les calomnies et les haines auxquelles vous avez fait face, les pommes qui pleuvaient sur votre scène, se sont transformées en louanges et en légendes : cette palpitation intense et ardente qui logeait dans votre chair d’homme de théâtre s’est mue en statuette marchande de bronze ou de marbre, en bibliothèques, mais aussi en allées, rues, restaurants et jardins.
Oui, j’étais très jeune quand je vous ai découvert. J’avais vingt ans. Ma curiosité avait guidé mes pas à la fois vers la poésie et l’art dramatique et vers vous, un passeur de traditions, de culture et de patrimoine, vers cette figure qui incarne la langue de tout un peuple, agile dans le maniement de tous les registres – qui n’a pas eu son pareil pour s’adresser à tous les publics, populaires dans des tournées de Carcassonne à Grenoble ou Rouen, comme royaux à la cour de Versailles.
Quatre siècles après votre naissance, plus jeune que jamais, vous nous faites tressaillir, nous invitez à interroger joyeusement le monde – et nous inspirez, d’autant que, comme le dit Octave dans Les Fourberies de Scapin, en s’adressant à Hyacinthe, « on ne peut vous aimer qu’on ne vous aime toute la vie ».
Avec la vitalité créative de l’équipe d’artistes et d’artisans qui m’entourent et le redéploiement de nos imaginaires, nous voulons aujourd’hui plus que jamais faire résonner vos mots pour honorer votre élan de poète et de penseur, en espérant transmettre à notre public votre flamme de visionnaire et de révolté – qui nous inspire depuis quatre siècles. Il ne s’agit pas de donner une leçon, mais de prolonger votre rêverie profonde et engagée, de la faire résonner en musique, avec des masques, en couleurs et en danses, pour stimuler cette nécessité et cette urgence qui sont les nôtres de réinventer notre présence au monde.
Le philosophe australien Glenn Albrecht déclare – et vous ne seriez pas étonné de l’apprendre –, « [q]u’il existe aujourd’hui une guerre émotionnelle ouverte entre les forces de la création et les forces de la destruction sur cette Terre ».
Eh bien, permettez-moi de redire, très cher Monsieur Molière, que la vitalité de votre oeuvre et la dynamique de votre regard plein d’acribie, toujours capable d’agir sur nous et de nous transformer, reste un exemple de résistance contre l’adversité et le conformisme, que la voix de vos personnages me fait encore croire que notre monde sera toujours radieux et que l’utopie de la poésie, bien qu’elle puisse être inquiétante, est salvatrice : elle rend sensible, peut être partagée par tous et, comme votre théâtre, est un langage universel.
Omar Porras
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